Les SCIC mobilisent-elles n’importe quel type de foncier ?
Si la SCIC acquiert beaucoup de terres, cela peut avoir un effet haussier sur le marché ?
La spéculation foncière en péri-urbain fait partie des problèmes du monde agricole qui voit ses surfaces utiles disparaître sous la pression de l’étalement urbain. Les collectivités associées à la Ceinture Verte luttent contre ce phénomène, c’est pourquoi nous ne participons pas à ce mouvement en fixant sur chaque territoire un prix plafond à l’hectare pour nos acquisitions.
Les coopératives Ceinture Verte ne risquent-elle pas d’empêcher des installations de porteurs de projet individuels, surtout sur les territoires où l’accès au foncier est tendu ?
L’objectif que se fixent les SCIC est d’avoir un effet accélérateur en termes de nombre d'installations sur les territoires. Dans la majorité des cas, nous faisons l’acquisition des terres trop grandes (et trop chères) pour des porteurs de projet en maraîchage diversifié - typiquement une dizaine d’hectares que nous découpons ensuite en plusieurs lots pour permettre l’installation de plusieurs porteurs de projet. Nous suivons le cadre réglementaire classique pour acheter des terrains en passant devant les comités techniques SAFER. S’il existe des projets concurrents, à lui de déterminer les priorités d’achat.
L’objet de la SCIC n'est-il pas de protéger le foncier agricole ? Est-ce logique de permettre à des producteurs de devenir propriétaires au risque que le foncier reparte à d’autres projets non agricoles ?
L'accession à la propriété est une option que peuvent choisir les SCIC Ceinture Verte, mais le modèle standard est de les conserver tout en permettant au maraîcher de se constituer une épargne au travers de parts sociales de la coopérative. Les SCIC sont alors durablement des sanctuaires de terres agricoles destinées à une agriculture nourricière, et dont la prorpiété va être progressivement transférée à ses producteurs adhérents.
Elles proposent donc une alternative complémentaire et durable au modèle agricole traditionnel "endettement, assignation à son exploitation, épargne immobilière" avec un modèle "pas d'endettement, pas d'assignation à son exploitation, épargne mobilière".
Le projet sera-t-il tout bio ou bio et conventionnel ?
En augmentant le nombre de producteurs, ne va t on pas saturer le marché et mettre en péril les autres déjà installés ? La filière sera-t-elle structurée pour absorber ces productions et réussir à les écouler ?
Les premières productions vont venir combler les circuits courts actuellement en manque de production (listes d'attente en panier, AMAP, magasins de producteurs ..) et conforter des outils existants pour du semi gros (plateforme logistique, outil de transformation). Mais ces canaux vont progressivement se saturer, et les SCIC doivent générer du "nouveau commerce" en créant de nouveaux débouchés (casiers, rayons circuits courts en grande distribution ..). Si de tels outils n'existent pas sur le territoire ou à proximité, alors la SCIC peut, de par ses statuts, créer ses propres outils. L'augmentation de la production légumière aura un effet levier sur la structuration de la filière légumière en circuits courts en général.
En rémunérant les tuteurs pour qu’ils assistent les maraîchers, ne transforme-t-on pas des relations d’entraide communautaire en relations financières ?
Il ne faut pas opposer les deux. De nombreux mentors de la Ceinture Verte, maraîchers associés, ne demandent pas de rémunération pour apporter leurs conseils ou une aide ponctuelle. Lorsque l’accompagnement nécessite une présence régulière, un tel engagement du tuteur peut être rémunéré pour tenir dans la durée. Nous réservons alors une rémunération annuelle symbolique pour des mentors qui mouillent la chemise toutes les semaines pour s’associer au succès des maraîchers Ceinture Verte.
Quelle taille a une SCIC ? Faut-il en créer une par agglomération ? Y-a-t-il une taille minimum ?
Quel niveau d’implication ont vraiment les partenaires ? Quels rôles ont-ils puisqu’ils ne “pèsent” que 10% des voix ?
Intégrer la SCIC, c'est intégrer ses débats. Si une petite association partenaire défend la plantation de haies, si telle autre insiste pour que des débouchés demi-gros en légumineuses soient développés, alors le débat aura lieu. Les débats sont tranchés en Assemblée Générale avec des collèges de vote (40% fondateurs, 20% maraîchers, 10% partenaires, 10% collectivités, 10% investisseurs, 10% salariés). Tous les partenaires de la SCIC ont un objectif commun : augmenter le revenu des maraîchers. Toutes les propositions seront jugées à l'aune de cet objectif commun.
Le modèle économique de la SCIC est-il viable ? Si le revenu annuel des exploitations est moindre (pas plus ou à peine plus de 40 000€) et/ou si moins de fermes sont construites que prévu ?
Le modèle est viable à moins d'un échec systémique des maraîchers. Avec 40 000€ de chiffre d’affaires, les sociétaires paient leurs cotisations, et la SCIC rembourse ses emprunts. Nous anticipons 5% de défaut et 5% de vacance. Si une SCIC réalise moins de fermes que prévu par an, ce n'est pas la SCIC qui souffre, mais la Ceinture Verte Groupe qui emploie son directeur général. Le groupe propose donc un tarif dégressif selon que l'on réalise 0 à 4 installations par an, 5 à 9 (10 000€ de frais de mise en service par installation) ou plus de 10 (7 000€). Les intérêts de tous sont ainsi alignés. Donc oui, nous construisons avec les collectivités qui ont une politique de relocalisation ambitieuse des sociétés dont l’objectif est d’atteindre rapidement plus de 10 fermes individuelles ou semi-collectives par an, et si l’on ne tient pas ce rythme, la SCIC est moins rentable, et consomme plus vite ses fonds propres, mais ne court pas de risque structurel.
Si la SCIC a des problèmes financiers, peut-elle vendre des fermes qu’elle possède ? Si oui, quelle garantie a le maraîcher en contrat sur les terres ?
Chaque SCIC est soutenue par au moins une agglomération, par la Chambre d’agriculture et par un groupe coopératif, la Ceinture Verte, soutenu par la Caisse des Dépôts. Les immanquables problèmes qu'elle rencontrera ne doivent pas faire oublier qu'à moins d'un échec systémique des maraîchers qu'elle installe, elle sera le seul dispositif connu en France capable d'installer une dizaine de producteurs de légumes en circuits courts par an sur un territoire, pour une consommation d'argent public d'environ 5 000€ en fonds propres par ferme (5 000€ de capital des collectivités attirent en moyenne 15 000€ de fonds privés, et ces 20 000€ permettent d’emprunter 100 000€).
Dans l’hypothèse néanmoins d’une faillite de la SCIC, , les exploitants sont prioritaires sur la reprise et le liquidateur leur cédera en priorité l’exploitation, il faudra alors les aider à trouver un crédit pour acheter. Mais s'ils sont installés depuis plusieurs années avec un compte de résultat positif, ce sera beaucoup plus facile qu'avant leur installation.
Peut-on imaginer une mobilisation citoyenne avec un collège spécifique ou un montant d’entrée aux investisseurs plus faible ?
Les investisseurs privés ont-ils un grand pouvoir dans ce modèle ?
Ils disposent de 10% des voix en AG. Mais la SCIC ne peut pas s'aliéner longtemps ses investisseurs, ils ont surtout le pouvoir de quitter la société à partir de 5 ans s'ils estiment ne pas être assez entendus ... ;)
Pour les investisseurs privés de la SCIC, s’agit-il d’un placement qui génère intérêt et/ou plus-value ? Plus généralement, la SCIC verse-t-elle des dividendes ou les profits sont-ils capitalisés pour installer plus de fermes ?
Les investisseurs privés désireux de souscrire au capital d’une SCIC le font avant tout dans une volonté de contribuer à la filière des circuits courts sur leur territoire. Même si des formes de rémunération sont possibles conformément à ses statuts et à la réglementation s’appliquant aux SCIC, la coopérative n’a pas pour objectif de verser une rémunération à ses associés. En revanche, les contribuables personnes physiques domiciliés en France peuvent bénéficier d’une réduction de leur impôt sur les revenus (voir réduction IR-PME Madelin).
Quel est le modèle d’affaires de la Ceinture Verte Groupe ? Avec quel niveau de profit ?
La relocalisation en circuits courts d’une partie de la production agricole n’est pas un challenge uniquement à Pau, Valence ou Limoges. C’est pourquoi notre initiative s’est immédiatement structurée sous la forme d’un groupe coopératif, avec pour ambition plusieurs dizaines de SCIC sur les territoires et plusieurs centaines de fermes de proximité. Ce groupe est assez classiquement constitué d’une association loi 1901 et d’une S.A.S à conseil de surveillance, dont le président est Christophe Chevalier, président du groupe Archer, un des plus gros acteurs de l'Économie Sociale et Solidaire en France.
Les statuts de la S.A.S la placent sous un mode de gouvernance un homme une voix. Son objectif premier est de lever des fonds patients et alignés sur les objectifs des SCIC, et de leur offrir des services mutualisés performants (mise en service d’exploitation, recrutement de porteurs de projet, facturation, R&D agronomique) pour améliorer la viabilité et la résilience des fermes en maraîchage diversifié en France.
Son capital de 520 000€ est détenu par ses fondateurs à 85% et à 15% par des investisseurs personnes physiques. Dans une logique de groupe coopératif, une enveloppe de 20% est destinée à être progressivement transférée aux salariés sous la forme de BSPCE en fonction de leur ancienneté.
Son objectif premier est la réalisation de l’objet social, ce qui n’exclut pas que les fondateurs et investisseurs puissent en tirer au final une forme de retour sur investissement si le modèle devait se développer massivement de manière performante.
Cette tête de groupe ne risque-t-elle pas de capter toute la valeur ajoutée des SCIC et des producteurs ?
La SAS fonctionne comme un bureau d’études et facture aux SCIC des prestations d'ingénierie de mise en service (financement et construction d'une ferme), d'accompagnement des maraîchers, de recrutement et de gestion administrative. Les cotisations aux maraîchers sont facturées par les SCICs et restent majoritairement à leur niveau (à 90%). Une quote-part de 10% remonte au niveau de la SAS afin de financer le déploiement du dispositif au niveau national (prospection de nouveaux territoires, R&D agronomique, communication, prises de participation dans les nouvelles SCICs) et les frais de fonctionnement (direction, juridique, administratif, besoin en fonds de roulement).
Au quotidien, les salariés de la SAS sont les seuls ressources des SCIC, qui n'ont aucun salarié, pour être totalement dérisquées. La SAS prend le risque de salarier ces ressources, qui, si elles bâtissent moins de 5 fermes par an par exemple, ne sont pas rentables. Cet équilibre entre les étages est une condition nécessaire à la résilience du groupe coopératif.
Enfin, et c'est le plus important, les SCIC sont libres de se tourner vers d'autres fournisseurs si elles le souhaitent et le votent en AG.
Est-ce que je peux candidater si je suis un.e maraîcher.ère débutant.e ?
Oui, mais l’entrée dans le dispositif peut se faire, selon le niveau d’expérience et de technicité, à l’issue d’un stage ou d’une période en espace-test, et la priorité est donnée aux maraîcher.ère.s ayant déjà réalisé au moins une saison de travail complète sur une exploitation. Le point crucial est la nature du projet et le chiffre d'affaires visé (> 40 k€), le dispositif Ceinture Verte étant dimensionné pour des porteurs de projet dont l'objectif est d'atteindre le plus rapidement possible la rentabilité économique sur leur exploitation.
Est-ce que je peux bénéficier de la dotation jeune agriculteur (DJA) ?
Oui, à condition que de remplir les conditions d’éligibilité à la DJA. Un travail est conduit avec les points accueil installation transmission (PAIT), responsables des plans de professionnalisation personnalisés (PPP), afin que l’articulation entre les deux dispositifs soit la plus fluide possible.
Quels sont mes engagements ?
À quoi correspond le montant de la cotisation ?
L'équilibrage du modèle économique du groupe, qui doit tenir compte du remboursement des emprunts, de l'accompagnement, des frais de gestion, des défauts, vacances, turn-over, et frais d'entretien, nécessite une contribution d'environ 750 euros par mois et par maraîcher sur la base du périmètre de service actuel. Le choix d'une cotisation progressive avec l'ancienneté permet de mieux répartir ce montant avec la réalité économique d'une installation. Elle aligne totalement les intérêts des maraîchers et des coopératives.
Quels sont les engagements de La Ceinture Verte ?
Est-ce que je suis obligé.e de vendre ma production à la Ceinture Verte ?
Non. Un accompagnement commercial est fourni aux maraîcher.ère.s mais ceux.celles.ci restent libres de commercialiser leur production comme il.elle.s le souhaitent.
Que se passe-t-il si je ne peux pas payer ma cotisation à la Ceinture Verte ?
Les maraîcher.ère.s sont installés au travers d'un bail de carrière (fermage) et signent un contrat de coopération qui les engagent à s'acquitter de leur cotisation dès qu'ils accèdent à leur outil de production. Les conditions d’exploitation et l’accompagnement proposés, ainsi que l'abattement prévu pour les trois premières années, rendent peu probable que les maraîcher.ère.s n’arrivent pas à payer leur cotisation. En cas de circonstances exceptionnelles, des mesures de soutien pourront être mise en œuvre en mobilisant le fonds de solidarité.
Que se passe-t-il si je veux arrêter au bout d’un an ?
La sortie du dispositif est libre en fin de saison sous respect d’un délai de préavis permettant de trouver des remplaçant.e.s.
Et si je veux rester ?
Le contrat passé entre les maraîcher.ère.s et La Ceinture Verte permet de se projeter sur une carrière. Au bout de la période d'amortissement des emprunts, la cotisation passe à 300 EUR HT. par mois.
Dans quel cas ai-je intérêt à m'installer avec La Ceinture Verte ?
À notre avis, à quatre conditions :
Comment faire pour candidater ?
Contactez-nous afin de déterminer si notre service correspond à votre projet. Si c'est le cas, une visite sur site et une rencontre avec l'équipe et les membres du réseau d'accompagnement seront organisés.
Pourquoi un contrat de coopération et non pas un bail ?
Les maraîchers signent les deux : un bail à ferme et un contrat de coopération et de mise à disposition d’équipements. Ce modèle juridique est éprouvé, et permet d'éviter la requalification en simple fermage, qui ne permettrait pas de rembourser les investissements réalisés par les coopératives Ceinture Verte.
Les activités de la SCIC sont-elles adaptables aux contraintes et enjeux du territoire (matériel, taille des parcelles, type de production, climat plus ou moins froid, accès à l’eau plus ou moins facile, structure des débouchés entre vente directe et semi-gros…), la standardisation n’est elle pas un risque ?
La Ceinture Verte défend effectivement une idée de "standardisation" comme facteur de passage à l’échelle : nous n’aménageons que des fermes en maraîchage diversifié.
En réalité, ce standard se forge et évolue dans chaque coopérative de territoire. La seule contrainte à respecter est de réaliser des opérations destinées à maximiser les résultats des maraîchers dans un modèle où les recettes (leurs cotisations) couvrent les coûts des investissements. Pour le modèle de ferme maraîchère proposé, cela ne doit pas dépasser 100 000€ nets de subvention par exploitation (entre 120 000 et 220 000€ d’investissement total). Le prix du foncier (bas à Limoges, élevé à Pau par exemple), le taux de subvention à l’investissement obtenu (entre 40% et 60%) peuvent permettre de créer des marges de manœuvre dans diverses directions (par exemple 2000 m2 de tunnels plutôt que 1500 m2 dans les zones froides, 3 ha de surface plutôt que 2 ha pour compléter les revenus là où le foncier est plus abordable, etc.). L'analyse des débouchés est aussi déterminante, il faut privilégier la vente directe avec un flux de légumes variés à priori, mais s'il est avéré que l'on peut sécuriser du demi-gros en légumes de plein champ avec une valorisation locale, il faut s’y adapter. Par contre la viabilité des fermes repose sur des circuits courts, s'insérer dans des marchés d'expédition et des prix internationaux serait suicidaire pour des exploitations de cette taille.
N’y a-t-il pas le risque d’une dérive de type ubérisation de la production ? Est-on sûr de la rentabilité de l’unité de production de base et des coûts demandés au producteur ? Ne les engage-t-on pas dans un modèle court termiste ?
Nous amenons les producteurs au même niveau que les producteurs établis et performants dans ce mode (entre 40 000€ et 120 000€ par exploitation de 2ha, à peu près partout en France). Nous ne sommes au fond sûrs de rien d'autre. Mais connaît-on le prix du bœuf ou du lait dans 5 ans ? Le volume de circuits courts des filières agricoles dans 5 ans (quelques % de la consommation aujourd'hui, 10% dans notre perspective légumes) ?
C'est une aventure. Ce que l’on sait, c’est que les consommateurs qui achetaient des “légumes propres” dans les années 80 sont beaucoup plus concernés par des “légumes bons et sains”, et éduqués pour en distinguer les signes de qualité. Ce mouvement de fond porte le développement des fermes de proximité.
Le mot ubérisation a plusieurs significations. S'il s'agit de faciliter l'accès au métier de maraîcher, tel est bien notre résultat, car il est aujourd'hui limité aux candidats les plus solides capables de mobiliser des terres et des financements lourds. Mais notre finalité, inscrite dans nos statuts, est de maximiser leurs revenus, donc certainement pas notre commission ni leur dépendance. Nous ne pensons donc pas que le terme ubérisation soit très adapté pour décrire l'activité de nos coopératives ;)
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